mercredi 28 mai 2014

Rythmes scolaires, le fiasco d'une réforme.

Hier soir (Mardi 27 Mai) avait lieu le conseil consultatif de la vie scolaire à Sceaux. C'était l'occasion de recevoir l'inspectrice d'académie, venue nous expliquer la mise en place de la réforme des rythmes scolaires dans notre commune. (Voir l'article publié début Avril)

Les Services de l'éducation nationale n'ont en effet accepté aucune dérogation ni expérimentation à la réforme des rythmes scolaires, même lorsque celles-ci confortaient l'ambition de la réforme et allaient dans le sens des professeurs, des familles et des enfants. Exit donc la proposition scéenne de mettre en place la réforme des rythmes scolaires combinée à la réduction des grandes vacances, pour faire, enfin, la grande réforme cohérente de l'organisation du temps scolaire. Tout cela en raison d'un dogme éculé, qui veut que chaque écolier dans chaque école de chaque commune ouvre à l'heure dite le même livre...décidé par Paris.

Les têtes blondes scéennes iront donc à l'école le Mercredi matin, avec les APC (activité pédagogique complémentaires, soutien scolaire et projets de classe)  de 8h30 à 9h30 et le temps scolaire habituel entre 9h30 et 11h30. Deux autres sessions de NAP (nouvelles activités périscolaires, la grande nouveauté de la réforme, elles ne sont pas obligatoires pour les enfants) auront lieu les autres jours de la semaine entre 15h30 et 16h30. Un prochain article reviendra dans le détail sur la nouvelle organisation

Des premiers rapports à sa mise en place, cette réforme aura été un gigantesque fiasco. Et pourtant, il y a deux ans, tout le monde s'accordait sur les principes. Les chrono-biologistes avaient déjà pointé les semaines trop concentrées et trop chargées des enfants (140 jours d'école pour un jeune français par an contre 186 ailleurs), avec des désynchronisations pendant le week-end (les enfants y adoptent d'autres habitudes et ont du mal à revenir en forme le Lundi matin), et les (trop) grandes vacances. Il avait donc été proposé de revenir à la semaine de cinq matinées, et d'alléger les après-midi en proposant des activités périscolaires, évoquant même la possibilité de raccourcir à six semaines les congés estivaux. Las, le gouvernement propose d'ajouter une matinée d'école, sans toucher aux grandes vacances, ni diminuer le volume horaire total de cours, dont la France détient le record européen. Cette réforme, menée sans concertation avec les élus locaux, nie les particularismes territoriaux, et piétine les équilibres nés de trente années de travail entre les élus, les directeurs d'école, les parents d'élèves et les services municipaux pour offrir aux enfants un accueil et des activités de qualité après la classe (le matin, le soir et le Mercredi)
 
Plus grave, la mise en oeuvre de la réforme va à l'encontre de ses objectifs initiaux. Le décret "d'assouplissement" Hamon, qui permet aux collectivités de regrouper les activités périscolaires sur une demi-journée, offre l'opportunité aux communes de regrouper toutes ces activités le vendredi, après midi, une option que nombre d'entre-elles, comme la ville de Lyon, choisissent pour des raisons pratiques (recrutement des animateurs, organisation du temps des professeurs, choix d'activité plus large). Non seulement cela ne va pas alléger les autres après-midi, ni déconcentrer les jours d'école, mais plus grave, cela laissera la possibilité d'avoir deux jours et demi de week-end pour les enfants, comme ces activités ne sont pas obligatoires. La désynchronisation des enfants, ce contre quoi la réforme prétendait lutter, se voit donc renforcée. 
 
On parlera peut-être dans les futurs manuels d'Histoire de la réforme des rythmes scolaires comme d'un exemple... de tout ce qu'il ne faut pas faire! Un manque de concertation et d'écoute des élus locaux, une absence de souplesse et de prise en compte des singularités, et enfin une mise en oeuvre catastrophique, qui mènent à un résultat exactement inverse de celui souhaité. Et cela aura coûté environ 1 milliards d'euros par an. Un formidable gâchis. 

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